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Les hommes et le porno, clics ou déclic ?

Loin de libérer la sexualité des hommes et des femmes, le porno est un gouffre sans fond de frustrations, ses conséquences sur la santé psycho-sexuelle et ses répercutions sociétales sont largement occultées par les pornographes et les consommateurs eux-mêmes.


Les hommes doivent prendre conscience du pouvoir de nuisance du porno.


Si tous les hommes ne sont pas irrésistiblement attirés par le genre et qu’inversement, certaines femmes y trouvent un intérêt, les pornographes savent pertinemment que leur clientèle est essentiellement masculine. De fait, l’écrasante majorité des productions pornos est destinée à satisfaire les goûts et fantasmes sexuels des hommes sans que l’on sache exactement si ce sont les premières qui influencent les seconds ou l’inverse. Quoi qu’il en soit, on trouve aujourd’hui une incroyable variété de thématiques car le business se segmente sans cesse en des niches de plus en plus « subtiles », une centaine à ce jour sur Pornhub.


La pornographie sert avant tout à soutenir une activité masturbatoire, une sexualité solitaire sans ambition autre que celle de produire un orgasme et une éjaculation kleenex. Au-delà d’offrir une source de motivation au cerveau, le porno permet aux hommes de vivre une expérience sexuelle sans se soucier de leurs faiblesses récurrentes : perte d’érection et/ou éjaculation rapide, et donc d’avoir l’impression d’un total contrôle sur eux-mêmes et sur les femmes.


Pertinence argumentaire des féministes.


Sous le feu critique des féministes universalistes et autres militants.es anti-porno, les producteurs s’appuient sur un système de défense simpliste mais relativement efficace : le sexe fait partie de la vie et la pornographie est fléchée sur des adultes conscients, ouverts d’esprit et attachés à la liberté d’expression. L’argumentation pourtant grossière parvient à convaincre nombre d'entre nous, attachés à cette liberté fondamentale d’exprimer des opinions aussi dérangeantes soient-elles. Certes si l’on s’en tenait à cette notion nous pourrions valider le concept porno, mais la réflexion sur le phénomène pornographique ne peut se contenter d’exister dans un cadre aussi restrictif. C’est d’ailleurs le constat que font les féministes radicales : la pornographie n’est pas simplement du sexe entre adultes consentants, c’est avant tout un moyen d’érotiser la dynamique de violence et de domination, centrales dans l’institutionnalisation de la dominance masculine.


Aujourd’hui l’expansion pornographique est incontrôlable, chacun peut y avoir accès à toute heure du jour et de la nuit. Les pouvoirs politiques ne semblent pas s’en émouvoir outre mesure malgré une avalanche de contenus de plus en plus violents et dégradants. Les pénétrations, orales, vaginales et anales agressives font partie des scripts de base et l’idée de punir sexuellement les femmes en est le fil conducteur. Le porno mettant en scène des enfants a pignon sur rue, les pornographes, toujours habiles dans le contournement des lois, utilisant des actrices majeures au profil plus que juvénile. Dans les années 2000 certains se demandaient ce qu’ils pourraient bien inventer de nouveaux tant ils leur semblait que tout avait été déjà fait. Pourtant la violence, l’humiliation et la dégradation ont connu sur les 20 dernières années une gradation constante.


Combattre la pornographie et les revendications masculines pour un droit au contrôle de la sexualité féminine est essentiel.


Le rejet de toute forme d’objectivation du corps n’a rien à voir avec un puritanisme rétrograde qui ne dirait pas son nom, il s’inscrit au contraire dans une démarche progressiste, humainement parlant, qui ne tend pas à s’opposer à la liberté d’expression sexuelle mais à lui donner du sens. Car croire que l’on peut s’épanouir dans une sexualité masturbatoire motivée par les contenus pornos est une illusion, elle-même entretenue par la rapide obtention de l'orgasme. Les féministes qui rejettent en bloc la pornographie, qui défient la domination sexuelle des hommes, n’ont pas forcément pour objectif de détruire l’identité masculine en tant que telle, elles tentent plutôt de la libérer de l’aliénation porno, d'une manière de penser la sexualité du plaisir qui n’apporte que désillusions, insatisfactions et souffrances.


Cependant la majorité de la gent masculine friande de porno préfère ne pas se poser de questions tout en se persuadant de garder le contrôle sur les contenus visionnés et leur fréquence de consommation. Mais toutes les études le prouvent, la mise en action des circuits de récompense lors d’une exposition à des vidéos pornos entraîne inéluctablement un mécanisme de dépendance à la dopamine. Dans la plupart des cas il est pris dans un engrenage qui au bout du compte inhibera sa capacité à l’autocritique. Immédiatement après avoir joui, il se persuadera que c’était la dernière, mais immanquablement, cédera aux injonctions de son cerveau en quête de dopamine.


Identifier une dépendance à la pornographie.


  • Vous n’avez aucune envie de pornographie, lorsque par accident de navigation vous tombez sur un contenu sexuellement explicite vous zappez immédiatement. Vous n’avez évidemment aucun problème avec la pornographie.

  • Vous visionnez du porno une fois par mois ou moins, mais l’expérience terminée vous n’y pensez pas le reste du temps. Votre consommation de porno n’est actuellement pas problématique. Cependant une réflexion sur la pornographie paraît s'imposer.

  • Vous consommez au moins une fois par semaine en mode masturbatoire. Le risque de créer un conditionnement cérébral est réel comme celui de voir votre consommation augmenter. Il est déjà temps d’arrêter avant que cela ne devienne un problème.

  • Votre intérêt pour la pornographie est quasi journalière et votre activité masturbatoire l’accompagne. Vous rentrez dans la zone rouge et le risque de consommation compulsive vous guette. L’arrêt d’urgence s’impose, les sexologues et sexothérapeutes peuvent vous apporter leur soutien.

  • Vous êtes accroc au porno, vous consommez et vous vous masturbez de façon compulsive. Vous devez reproduire dans l’intimité ce que vous avez visionné pour trouver l’excitation et vos demandes sexuelles sont de plus en plus extrêmes. Votre conditionnement au porno est puissant et entrave le développement d’une relation saine et équilibrée avec votre partenaire. L’option sexologue est plus que souhaitable pour reprendre le cours d’une vie érotique de couple épanouissante.

  • Vous êtes dans le même schéma de dépendance, mais les effets délétères de la pornographie sur votre sexualité sont récurrents : perte de désir, dysfonction érectile, anorgasmie. Votre relation de couple s’en ressent et votre partenaire ne comprend pas. Votre cerveau est maintenant totalement formaté pour ne répondre qu’à des stimuli sexuels extrêmes. L’aide d’un sexologue bien au fait des neurosciences est indispensable.

  • Vous ne pouvez plus avoir de relations sexuelles avec votre partenaire sans dans le même temps regarder un contenu porno. Le problème s’aggrave et la dépendance au porno s’est renforcée, le recours à un spécialiste de la sexualité du plaisir est impératif.


Pour combattre efficacement leur attraction pornographique il serait utile que les consommateurs prennent conscience de la réalité des désir et plaisir féminins. À cet égard le modèle porno est à des années-lumière de ce que les femmes dans leur globalité souhaitent expérimenter. La majorité d’entre elles s’accordent d’ailleurs pour dire que l’incompréhension de leur dynamique du plaisir est source de frustration, d’inaccomplissement et de souffrance. L’ineptie pornographique est nuisible autant pour les hommes que pour les femmes, même si les conséquences sur les premiers, perte de désir, dysfonction érectile et anorgasmie, sont minimes en comparaison de celles subies par les secondes, agressions sexuelles en tout genre. Alors dîtes stop au porno, une bonne fois pour toute.

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