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Pornographie et prostitution : deux formes d'exploitation sexuelle.

Certains arguent que le porno n'est pas de la prostitution filmée, puisqu'il n'y aurait pas de transaction financière entre les consommateurs et les "actrices". Cependant, cette allégation est fausse puisque les pornographes achètent les prestations des hardeuses. La pornographie est donc bien une autre expression de l'activité prostitutionnelle.


Pornographie et prostitution, un lien pragmatique et historique.


Étymologiquement, le terme pornographie, inventé en 1769 par Nicolas Restif de La Bretonne, renvoie à deux notions : celle d’écriture, de représentation, graphê en grec, et celle de prostituée, femme vendue, femme marchandise, la pornê. La pornographie est donc un moyen de figuration des activités de la pornê, cette créature qui symbolise à elle seule une conception des rapports sexuels où la femme est au service des désir et plaisir de l’homme.


La prostitution se définit, a minima, par la vente de toute ou partie du corps d’une personne à des fins de satisfaction sexuelle d’un tiers. Que l’individu qui profite sexuellement de ce corps soit ou non le payeur ne change rien à la nature de la transaction. Que l’individu qui paie ne soit pas celui qui en profite n'en modifie pas non plus le caractère. Dans le cadre de la pornographie, le tiers est celui qui consomme les contenus pornos, le pornographe étant le payeur, celui qui se charge de rémunérer les prestations sexuelles des actrices. Vendre son corps pour la satisfaction sexuelle d’un tiers est donc bien le fondement du contrat qui lie un pornographe et ses hardeuses. L'activité pornographique réunit in fine l'ensemble des éléments constitutifs de la prostitution et nous remarquerons que le producteur qui tire ses revenus de l'exploitation sexuelle est assimilable en tout état de cause à un proxénète.


La pornographie est une forme de prostitution d'un violence extrême.


Sans minimiser ce que subissent quotidiennement les prostituées, ni chercher à établir une échelle de l’abject, nous devons reconnaître que le traitement réservé aux hardeuses est spécialement brutal. L’érotisation de la violence, du du viol, de l’humiliation et de la dégradation, principal ressort de la dramaturgie porno hardcore, impose aux hardeurs de se comporter comme de véritables délinquants sexuels. Lors d’un tournage, les filles encaissent pendant plusieurs heures d’affilée une multitude de sévices sexuels plus cruels les uns que les autres. Les porno-prostitueurs sont d’impitoyables machines à broyer des corps féminins qui se challengent et s’enorgueillissent de repousser toujours plus loin les limites du sordide. "Le porno détruit les femmes c’est pour ça que nous l’aimons" dira un pornographe emboitant le pas à Dan Sandler, fondateur du site Rape Camp, qui reconnaissait que son business faisait la promotion des violence tout en ajoutant que cela était parfait parce qu’ils "ne pouvait pas saquer ces putes".


Par ailleurs, le consentement des hardeuses, comme celui de la plupart des prostituées, n'a qu'une valeur théorique. Business oblige, proxénètes et producteurs de hard les contraignent à subir à répétition de véritables agressions sexuelles, sous la menace de ne plus obtenir de contrat pour les premières et de subir des mesures rétorsives pour les secondes. Dans un cas comme dans l'autre, les conséquences pour leur santé physique et psychique sont désastreuses. La docteure Gail Dines, fondatrice et présidente de "Culture Reframed", explique : "Ce que je sais, après avoir travaillé avec quantité de femmes impliquées dans l’industrie porno […] c’est qu’elles manifestent des symptômes de stress post-traumatique parce qu’elles sont régulièrement violées sur les plateaux de tournage. Le simple fait d’avoir signé un contrat n’implique pas qu’elles consentent à ce qui se passe sur le tournage. La plupart ne sont pas préparées à ce qui va leur arriver. La plupart aussi sont très jeunes, elles croient qu’elles vont devenir des stars comme Jenna Jameson. Elles ne sont pas préparées à la violence." Le corps de la hardeuse est, pour les besoins d’un commerce, un corps marchandise dont on use et abuse à l’envie, il n’y a pas débat. L’expérience porno est émotionnellement traumatisante, comme celle de la prostitution. Ce n’est pas un hasard si l’espérance de vie d’une actrice porno ou d’une prostituée est de 40 ans.


Enfin proxénètes et porno-prostitueurs partagent la même conception de l'éducation de leurs "gagneuses". Le "dressage" consistant à briser leur résistance, les premiers privilégieront les viols à répétition, les seconds la transgression des limites contractuellement établies. Ce conditionnement à la docilité sexuelle est le résultat d'actions traumatiques induisant une anesthésie émotionnelle. Pour la docteure Muriel Salmona, spécialiste des états de stress post-traumatique, « l’anesthésie émotionnelle coupe la victime non seulement de ses émotions spontanées, mais également de ses sensations corporelles, et ne lui permet pas de réagir comme il faudrait face à une situation à risque. Elle peut se retrouver à supporter sans réaction des violences graves […] des douleurs intenses avec un grand sourire accroché en permanence. C’est le cas des prostituées qui ont presque toutes une dissociation, une anesthésie émotionnelle et physique importante, et qui de ce fait ressentent peu de dégoût, de rejet et de douleurs lors des rapports sexuels. » Ce qui est vrai pour les prostituées l'est pour les hardeuses.


La pornographie n'est pas une fiction.


D'après leurs partisans, les productions pornos seraient des fictions, des fantaisies érotiques, des produits de l’imagination n’ayant pas de modèles complets dans la réalité. Or, la pornographie, contrairement aux fictions cinématographiques traditionnelles, s'ancre dans une réalité tangible. Si dans un film d’action les protagonistes en viennent aux mains, tout le monde comprend qu’ils ne se frappent pas réellement, que des cascadeurs professionnels feintent les coups reçus et donnés. Les hardeuses n’ont pas de doublure. Les multiples pénétrations, les coups, les insultes elles les encaissent réellement. Il n’y a rien de fictionnel dans la pornographie hormis la jouissance des actrices. Rappelons que les pornographes hardcores, vendent du vrai, du réel, des filles violentées à la limite de la torture qui ne font pas semblant d’avoir mal, leur talent de "cinéaste" se résumant à la captation de la souffrance, des mascaras qui dégoulinent sur les joues, des yeux qui se révulsent sous l’effet de pénétrations buccales si profondes qu’elles déclenchent des vomissements.


Pornographie et prostitution sont deux façons de nommer la marchandisation et l’objectivation du corps féminin. Pornographie et prostitution repose sur la vente « service » sexuelle et n’ont d’autre fonction que la satisfaction libidinale des hommes. Pornographie et prostitution sont managées par des proxénètes et porno-proxénètes. Nier que les hardeuses soient des prostituées est une aberration dont seuls quelques esprits peu éclairés peuvent en contester l'évidence.

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