top of page

Ressources pédagogiques

Abonnez-vous à notre site

Merci pour votre envoi !

Articles et dossiers

Andro-switch, une contraception masculine méconnue.

La contraception masculine va, espérons-le, connaître un regain d’intérêt avec la mise sur le marché de l’andro-switch. Se présentant comme un simple anneau de silicone, il permet de remonter les testicules, de les maintenir en position haute (supra scrotale), d’augmenter leur température d’environ 2°C et ainsi de freiner la production de spermatozoïdes.

Contraception : bientôt une affaire d'homme ?


Pour réduire au maximum les risques de grossesses non désirées, on peut au choix opter pour la contraception ou l’abstinence totale. Toutefois, renoncer aux rapports sexuels ne satisfera que les couples sexless quand l’immense majorité préfèrera s’en remettre aux dispositifs contraceptifs. Si le préservatif, la pilule et le stérilet se sont imposés comme les outils les plus courants pour éviter l’accident, il existe d’autres méthodes, plus au moins faillibles, plus ou moins radicales. Mais aucun moyen de contraception, vasectomie et ligatures des trompes comprises, n’assure à 100% la sécurité des rapports hétéros.


Pour mesurer l’efficacité théorique d’une méthode contraceptive, on se réfère à l’indice Pearl, qui détermine le pourcentage de grossesses accidentelles sur un an d’utilisation optimale d’une méthode. Ainsi l’indice 2 indique que deux femmes sur cent, ont été enceintes dans l’année de l’utilisation d’un procédé contraceptif. Cependant cet indice théorique doit être mis en perspective de l’efficacité pratique, calculée au regard d’un échantillon de couples rassemblant aussi bien ceux qui se sont astreints au respect de la méthode que l’inverse (oubli de la prise de pilule, usage incorrect du préservatif…). Ce comparatif permet d’évaluer le risque de grossesse propre au moyen contraceptif, stricto sensu, et le risque lié à son usage dans la vie de tous les jours. D’importants écarts peuvent apparaître entre le théorique et le pratique généralement induits par le caractère complexe ou contraignant de la méthode contraceptive. Il est à noter que les écarts les plus significatifs concernent toujours des méthodes qui nécessitent une mise en œuvre à chaque rapport ou une observance stricte.


Selon une étude de l’ARS, en France, une grossesse sur trois est déclarée non prévue. Un tiers de ces grossesses est dû à l’absence de contraception, les deux-tiers à une contraception déficiente. Globalement la pilule reste la contraception la plus utilisée, 45% des femmes de moins de 45 ans.


La pilule et la charge contraceptive.


Jusqu’aux années 70, les couples utilisent des méthodes de régulation des naissances collaboratives, retrait, préservatif et abstinence périodique. En 1967, la loi Neuwirth autorise l’usage des contraceptifs et rend possible la diffusion de la pilule et du stérilet. La pilule, en ces temps de libération de la sexualité féminine, apparaît comme une panacée. Contrairement au stérilet, elle peut être prescrite aux adolescentes et aux nullipares (n'ayant jamais accouché). Trente ans plus tard, ses effets pervers commencent à inquiéter et aujourd’hui, un nombre croissant de femmes se détournent de son utilisation. Si elle est suspectée d’être impliquée dans le développement des cancers du sein, d’augmenter le risque d’AVC et d’avoir des répercussions négatives sur la libido, elle a surtout généré un changement d’implication des hommes et déplacé la charge contraceptive, maintenant assumée à 75% par les femmes. En d’autres termes nous sommes passés en un demi-siècle d’une contraception traditionnelle de couple à une contraception médicale et féminine.


S’il est important que les femmes puissent en toute quiétude goûter les joies de la sexualité, que les couples aient l’opportunité se prémunir des grossesses non désirées, il n’en demeure pas moins anormal que la contraception soit presque exclusivement à la charge des femmes. On a tendance à l’oublier, mais la contraception masculine est possible.


La contraception masculine.


Les injections de testostérone sont autorisées depuis 1963. Le traitement à base d’énanthate de testostérone, se présentant sous forme d’une solution huileuse injectable par voie intramusculaire, renouvelable une fois par semaine, est tout aussi efficace que la pilule. En boostant artificiellement le niveau de testostérone dans le sang, le procédé vise à leurrer le complexe hypothalamo-hypophysaire et le contraindre à commander une diminution de la production de spermatozoïdes. Et ça fonctionne. Pourtant cette méthode hormonale, qui ne provoque pas plus d’effets secondaires que la pilule, ne s’est pas généralisée. En cause, le réseau des gynécologues qui n’a pas d’équivalent chez les hommes et aussi le défaut d’investissement de ces derniers qui n’ont pas à supporter les répercussions d’une fécondation accidentelle.


Solution plus radicale : la vasectomie. Méthode qui vise la stérilisation, la vasectomie est une intervention chirurgicale mineure au cours de laquelle les canaux déférents, qui servent au transport des spermatozoïdes de l’épididyme jusqu’à la base de la prostate, sont sectionnés. Pratiquée sous anesthésie locale l’intervention ne dure qu’une dizaine de minutes, elle est quasiment indolore. On pourrait supposer qu’une fois réalisée, le vasectomisé est immédiatement stérile. Ce n’est pas le cas, car nombre de spermatozoïdes restent présents dans la partie des canaux déférents située au-dessus du site d’opération. Entre vingt et trente éjaculations sont nécessaires pour qu’un spermogramme puisse attester de l’absence de spermatozoïdes dans le liquide éjaculé. Bien qu’il existe une technique pour récréer la perméabilité des canaux déférents, la vasovasostomie, on doit considérer la vasectomie comme une intervention aux effets permanents. Car à ce jour, les tentatives de recanalisation chirurgicale ne réussissent que dans un cas sur deux. Dans de rares cas, les canaux parviennent à se recoller spontanément. Cela survient majoritairement dans les premières semaines suivant l’intervention, mais une recanalisation spontanée et tardive reste possible (moins de 0,1% des vasectomisés). Les spermatozoïdes ne représentant que 2 à 3% de l’éjaculat, la vasectomie ne modifie pas l’éjaculation ni par ailleurs les sensations voluptueuses qui l’accompagnent.




Vasectomie.


Méthode classiquement associée à la contraception masculine, le port du préservatif ne constitue pas une assurance tous risques, ce que démontre l’écart considérable entre ses efficacités théorique et pratique. Principalement en cause, des ruptures de sa membrane de latex, des fuites lorsqu’il est trop large ou qu’il se rétracte au cours du coït. Toutefois le préservatif présente l’avantage indiscutable de réduire de 60 à 96% les risques de contracter une infection sexuellement transmissible (IST) et son utilisation systématique dans le cadre des sexualités en mode libertin ou hook-up est fortement recommandé. De fait le préservatif devrait être l’outil privilégié de lutte contre les contaminations et accessoirement un complément de contraception.


Autrefois, le coitus interruptus, ou méthode naturelle du retrait était, faute de mieux, pratiquée à grande échelle. Théoriquement efficace, puisque l’éjaculation est censée advenir ante portas, elle se révèle dans les faits très peu fiable. Demandant une maîtrise parfaite de l’orgasme, de rester en conscience pour se retirer à temps, elle est source d’environ 30% d’échecs. Si le manque de contrôle est la principale pierre d’achoppement de cette technique, la présence de spermatozoïdes dans le liquide pré-éjaculatoire peut éventuellement concourir à sa faillite.


L'andro-switch, une contraception masculine révolutionnaire.


La contraception masculine pourrait connaître un regain d’intérêt avec la mise sur le marché de l’andro-switch. Se présentant comme un simple anneau de silicone, il permet de remonter les testicules, de les maintenir en position haute (supra scrotale), d’augmenter leur température d’environ 2°C et ainsi de freiner la production de spermatozoïdes. Les effets néfastes de la chaleur sur la spermatogénèse, processus de production des spermatozoïdes, sont étudiés depuis les années 30 et confirmés par de nombreuses études depuis les années 50. Cette technique, nommée Contraception Masculine Thermique (CMT), a tout d’abord été exploitée via la confection de slips de remontée testiculaire. Peu esthétiques, relativement chers, ils n’ont pas connu le succès attendu. S’appuyant sur le même principe, un jeune infirmier dont on ne connaît que le prénom, Maxime, a mis au point un anneau contraceptif masculin, l’andro-switch. Une révolution en devenir. Pratique et relativement peu onéreux, 37 euros, il est commercialisé par la société Thoreme.


Pour utiliser l’andro-switch dans de bonnes conditions il est nécessaire de procéder par étapes. En premier lieu, une consultation chez le médecin traitant s’impose pour déterminer si le candidat n’est pas concerné par les contre-indications suivantes :


  • anomalie de la descente des testicules, traitée ou non ;

  • hernie inguinale, traitée ou non ;

  • cancer du testicule ;

  • altération de la sensibilité de la zone du pubis, de l’aine, du pénis ou du scrotum ;

  • diminution de la force des mains ;

  • indice de masse corporelle supérieure à 30 kg/m2 ;

  • présence d’une varicocèle testiculaire (dilatation des veines au niveau du cordon spermatique) de grade 3 ;

  • grosseur intra scrotale ;

  • hydrocèle importante (accumulation de liquide dans la poche entourant le testicule) ;

  • filariose cutanée (maladie tropicale parasitaire) ;

  • infection cutanées locales et dermatite de contact de la verge, du scrotum, de l’aine ou du pubis ;

  • Å“dème de la verge.


Lorsque le médecin traitant a pu établir la compatibilité du traitement avec l’état de santé du patient, il doit prescrire un spermogramme pour définir si les valeurs spermatiques sont conformes au standards de l’OMS 2010 (15 millions de spermatozoïdes/ml).


La pose de l'andro-switch.


Une fois passée avec succès l’étape des tests, il faut tout d’abord apprendre à bien positionner le dispositif andro-switch et s’astreindre ensuite à le porter 15 heures par jour, sept jours sur sept. Comme l’ensemble des contraceptifs thermiques, l’andro-switch n’est pas opérant immédiatement, car les spermatozoïdes suivent un cycle de maturation de trois mois. Ce n’est donc qu’au terme d’un trimestre de port de l’andro-switch que la concentration des spermatozoïdes passera sous la barre du million d’unités par millilitre d’éjaculat, seuil en dessous duquel les hommes sont considérés contraceptés. Deux spermogrammes doivent être effectués à trois semaines d’intervalle au terme de cette première phase du protocole pour certifier la contraception. Il est généralement conseillé de procéder régulièrement au contrôle de la concentration en spermatozoïdes, une fois par mois jusqu’au sixième mois, puis tous les deux mois par la suite. On estime que la contraception thermique ne doit pas être utilisée plus de quatre ans en continu, au risque de compromettre la réversibilité de l’infertilité. En deçà, deux à trois cycles de spermatogénèses sont nécessaires pour un retour à des valeurs spermatiques permettant la fécondation. Durant cette période le recours à une autre méthode contraceptive est indispensable.


Avec l’andro-switch, une nouvelle ère de la contraception devrait s’ouvrir. Méthode ne risquant pas d’altérer la santé du contracepté, relativement simple d'utilisation et bon marché, bénéficiant d’un excellent indice Pearl (0,5), d’une très bonne efficacité pratique (1), elle a de plus l’avantage de délester les femmes des risques liés à la prise de la pilule et de réimpliquer pleinement les hommes dans le processus contraceptif. Toutefois il est à noter qu’utiliser l’andro-switch sans avis et/ou suivi médical est fortement contre-indiqué, tout comme l’idée de le fabriquer soi-même, ou de fabriquer des sous-vêtements chauffants ou isolants en polyester tel que cela a pu être constaté. Rappelons enfin qu’aucune méthode contraceptive ne protège contre les IST et que le préservatif reste la seule option pour ce faire.

bottom of page