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Violences vicariantes : l'ultime souffrance

Le terme d'origine latine violencia vicaria signifie violence par procuration. Ce phénomène a été décrit par Sonia Vaccaro, psychologue espagnole, comme étant "un type de violence qui s'exerce sur les enfants pour blesser la femme (…) En assassinant les fils/filles, l'agresseur s'assure que la femme ne s'en remettra jamais".

Comment atteindre une femme lorsque l'on n'a plus de prise sur elle ? En s'attaquant à ses enfants.


Si les violences conjugales redoublent d'intensité au moment de la grossesse, c'est parce que pour le violent, qui entend exercer un contrôle absolu sur sa victime, l'arrivée d'un enfant le détrône littéralement. Désormais, il ne sera plus jamais le centre de son univers, ce qui le rend particulièrement jaloux et dangereux.


Les différents types de violences vicariantes


Il s'agit de mauvais traitements physiques ou psychiques pouvant aller jusqu'à l'assassinat. Ces violences par procuration sont infligées par le conjoint ou ex-conjoint violent aux enfants du couple ou de la seule victime dans le but de l'anéantir psychologiquement et détruire durablement sa vie.


  • Les violences psychologiques.

Lorsqu'un jugement du tribunal conserve au conjoint violent ses droits parentaux, est mise en place soit une garde alternée, soit une garde classique (1 week-end sur 2 et moitié des congés scolaires). C'est durant ces périodes qu'il exerce sa violence sur les enfants. Le plus souvent, il s'agit de brimades et de punitions, d'insultes et dévalorisations incessantes dont il fait porter la responsabilité à leur mère qu'il s'emploie constamment à dénigrer.


  • Les violences physiques.

Le violent se venge également physiquement sur les enfants ; gifles, fessées, bousculades entraînant des chutes plus ou moins graves, coups sur diverses parties du corps sont rapportés par les enfants victimes de la violence que l'ex-conjoint ne peut plus exercer sur leur mère.


  • Les violences sexuelles.

Viols et agressions sexuelles sont le quotidien d'un grand nombre de femmes victimes de violences conjugales. Lorsqu'une victime est hors d'atteinte de son agresseur, celui-ci peut reporter sur les enfants, notamment les filles, les violences sexuelles qu'il faisait subir à son ex-conjointe. Les enfants sont alors abusés sexuellement lors de chaque visite et il peut s'avérer difficile pour la mère de les protéger. En effet, si elle souhaite les soustraire à leur agresseur, elle peut être condamnée pour non présentation d'enfant. Certaines choisissent de porter plainte mais en l'état actuel du droit et considérant les précédents judiciaires existants, le risque pour elle est grand de se voir retirer leur garde.


  • Les infanticides.

La meilleure façon de tuer une mère est de tuer ses enfants. Moins évoqués que les féminicides, les infanticides par ex-compagnon de la mère du ou des enfants sont destinés à infliger une douleur inhumaine à celle-ci, à la détruire irrémédiablement. En juin dernier, un double infanticide horrifiait l'Espagne, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez commenta cette tragédie en utilisant le terme "violence vicariante" :

La violence vicariante est une violence machiste doublement sauvage et inhumaine, puisqu'elle cherche à causer de la douleur non seulement à la femme, mais aussi à ses enfants.

En 2019, 25 enfants ont été tués dans le cadre d'un conflit conjugal. Sur les 14 affaires, trois étaient liées au meurtre de leur mère. Dans 12 d'entre elles, les auteurs de ces infanticides étaient majoritairement des hommes.


Un terme encore absent du lexique français


En France, les violences vicariantes, sont reconnues par le Ministère de l'intérieur sous le vocable "infanticides dans le cadre d'un conflit de couple sans qu'aucun membre du couple ne soit victime". Durant l'année 2019, 25 mineurs(es) ont été tués au sein de la sphère familiale. 3 d'entre eux le furent au même moment que leur mère et 22 furent assassinés sans qu'aucun membre du couple ne soit victime.


Le terme "violence vicariale" est réapparu en Espagne lors d'un double infanticide qui a semé l'effroi dans le pays.

Pour Angeles Carmona, présidente de l'Observatoire espagnol contre la violence domestique et de genre, dans cette terrible affaire, le but du meurtrier était d'infliger à sa victime la douleur la plus grande en espérant que ne soient jamais retrouvés leurs corps. Et en effet, avant que la police ne découvre celui de sa fille aînée, la mère des deux fillettes déclarait à la presse : "Je veux aussi disparaître... Je n'ai plus la force".


Si mal nommer les choses ajoute au malheur du monde, ne pas leur donner de nom les invisibilise. C'est ce que soulève Carmen Ruiz Repullo, sociologue spécialisée dans la violence de genre : "Quand il n'y a pas de nom pour désigner une situation, bien souvent ça atténue sa portée et on ne met pas en place les outils pour l'éradiquer."


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